Quand Instagram devient une source de pression
Qui n’a jamais ressenti ce petit malaise en scrollant sur Instagram ? On tombe sur des professeurs de yoga en retraites à Bali, des salles bondées, des postures parfaites au coucher du soleil, et soudain une comparaison s’installe : « Est-ce que je fais assez bien ? Est-ce que je suis légitime ? »
J’ai moi-même vécu des retraites à Bali, des moments incroyablement riches, mais je n’ai jamais eu le réflexe de les mettre en avant. Ce n’est pas ma manière d’enseigner, ni de communiquer. Pourtant, cela ne m’empêche pas de ressentir parfois cette pression, ce doute qui s’installe face à la vitrine des autres. Et je sais que je ne suis pas la seule.

Pourquoi la comparaison sur Instagram fait si mal
Instagram, c’est une vitrine. On y montre les plus beaux moments, les salles bien remplies, les élèves souriants, la posture parfaite sur la plage au coucher du soleil… Mais ce n’est qu’une petite partie de la réalité.
Le problème, c’est que, quand tu es fatiguée ou que tes cours n’ont pas été pleins cette semaine, tu compares ta réalité entière à ces quelques secondes idéalisées. C’est normal que ça fasse mal. Je l’ai vécu aussi, et parfois encore aujourd’hui, j’ai besoin de me le rappeler : Instagram n’est pas la réalité.
Identifier ce qui déclenche ce malaise
Je t’invite à observer avec bienveillance les moments où la comparaison te touche le plus. Est-ce :
- Quand tu es fatigué(e) ou stressé(e) ?
- Quand tu doutes de la direction de ton enseignement ?
- En voyant des comptes avec des centaines d’élèves ? Ou des profs très jeunes et très souples qui enchaînent les postures avancées ?
Prends un instant pour respirer et noter ce qui se passe en toi. De mon côté, je remarquais que c’était toujours dans des contextes similaires : après une journée difficile, quand j’avais eu peu d’élèves ou que j’étais épuisée. Mon esprit était plus vulnérable et tout prenait une dimension énorme. Reconnaître ces déclencheurs m’a aidée à prendre du recul : ce n’était pas que les autres étaient « meilleurs », c’est que j’étais simplement plus sensible à ce moment-là.
Un jour, une amie prof de yoga aussi m’a confié : « Je ne me suis rendu compte que je me comparais aux autres uniquement les jours où je me sens “moins légitime”. Les jours où je suis connectée à ma pratique, les posts des autres m’inspirent sans me blesser. »
Relativiser : ce qu’on ne voit pas derrière l’écran
Ce qu’on oublie souvent, c’est que derrière ces images parfaites, il y a des réalités qu’on ne montre pas. N'oublions pas qu'Instagram utilise un algorithme qui récompense le spectacle et l'esthétique parfaite et pas nécessairement la profondeur ou l'authenticité.
J’ai rencontré des professeurs qui semblaient « réussir » sur Instagram, mais qui, en privé, m’avouaient leur fatigue, leurs difficultés financières, ou le sentiment de ne plus avoir de temps pour eux-mêmes.
Parfois, une prof avec 50 000 abonnés gagne moins qu’une autre qui a une petite communauté fidèle en présentiel. Les chiffres ne disent rien de la qualité de l’enseignement ni du bien-être de la personne.
Comme me le disait un de mes anciens profs aujourd'hui ami, et qui a un compte très suivi : « Mon fil Insta est une vitrine. Ma vraie vie, ma vraie richesse, c’est le petit groupe d’élèves que je vois chaque semaine et avec qui j’ai créé un vrai lien. Ça, Instagram ne le voit pas. »
Et c’est ça, la vérité qu’on ne voit pas derrière l’écran.
Redéfinir sa propre réussite
La vraie question que tu dois te poser : qu’est-ce que réussir signifie pour toi ?
Est-ce remplir une salle de 50 personnes ? Ou avoir un petit groupe d’élèves réguliers avec qui tu construis une relation profonde ? Est-ce gagner beaucoup d’argent, ou avoir assez pour vivre sereinement tout en gardant du temps pour ta pratique personnelle ?
Prends ton carnet et note ces 3 points :
- Avec quel sentiment veux-tu que tes élèves repartent après ton cours ? (ex: apaisés, recentrés, joyeux)
- Quel équilibre vie pro / vie perso est non-négociable pour toi ? (ex: avoir du temps pour ma pratique, pouvoir voyager 2 fois par an)
- Quelle valeur est la plus importante dans ta manière d’enseigner ? (ex: l'authenticité, l'accessibilité, la bienveillance)
De mon côté, j’ai choisi d’écrire mes propres critères de réussite :
- Sentir que mes élèves repartent apaisés après mes cours.
- Avoir du temps libre pour voyager et me ressourcer.
- Être alignée avec mes valeurs, sans me forcer à jouer un rôle qui ne me ressemble pas.
Ces critères sont ma boussole. Ils m'aident à ne pas me laisser happer par la comparaison. Je t’encourage à faire cet exercice : note tes 3 critères de réussite, uniquement à toi. Ça aide énormément à ne pas se laisser happer par la comparaison.
Stratégies pour se protéger et transformer Instagram en allié
Voici ce qui m’a vraiment aidée :
- Faire le ménage : je me suis désabonnée de certains comptes qui me mettaient trop de pression, ou je les ai mis en sourdine. Je privilégie maintenant les comptes qui m’inspirent sans me dévaloriser. Ça change tout.
- Limiter mon temps d’écran : je me fixe une limite, par exemple 20 minutes par jour et je la respecte. Ça m’évite de tomber dans la spirale du scroll infini et de la comparaison passive.
- Créer avant de consommer : je publie mon contenu avant de regarder celui des autres. Comme ça, je reste connectée à mon intention et à mon authenticité.
- Montrer les coulisses : je partage des moments vrais, même imparfaits, parce que c’est ça que mes élèves recherchent : une connexion humaine, pas un show.
Tu verras, ces petits changements transforment profondément ton rapport à Instagram.
Conclusion : Transformer la comparaison en inspiration
Je sais que la comparaison est une tentation constante. Mais rappelle-toi : ton parcours est unique, ta voix est unique, ton énergie est unique. Aucune photo Instagram ne peut refléter la richesse de ce que tu apportes à tes élèves dans le vrai monde.
Alors, la prochaine fois que tu verras une publication qui t'interpelle, demande-toi : « Est-ce que je peux transformer cette comparaison en inspiration ? Est-ce que ça me montre une possibilité, sans pour autant remettre en cause ma valeur ? »
Parce qu’au fond, le yoga nous apprend une chose essentielle : le chemin de chacun est différent, et il n’y a pas de compétition dans la recherche d’équilibre et de paix intérieure.


Commentaires